Veaux

Le texte ci-dessous est une traduction d'un article paru dans le 
Spiegel online du 25 avril 2015 
Vous trouverez le texte original en allemand à la fin de cet article.

Veaux au rebut : Taureau ? Meurs !

Spiegel online 25 avril 2015
Auteure : Tanja Busse

La détresse financière des éleveurs de vaches laitières les amène à un traitement cynique des veaux mâles. Tanja Busse, l’auteure du livre « La vache jetable » révèle les méthodes cruelles de mise au rebut de l’industrie agroalimentaire.

Les veaux de la race Jersiaise sont sans aucun doute ce qu’il ya de plus adorable à caresser dans une ferme. Lors de notre dernière visite à la campagne, un agriculteur nous en a montré un qui venait de naître. Ma fille a grimpé dans le petit enclos dans lequel il était enfermé. Le petit veau batifolait autour d’elle, la frôlait de près à la recherche du pis de sa mère, et il se faisait caresser comme un petit chiot.
« Heureusement, que c’est une femelle », disait l’agriculteur. « Les mâles, il faut s’en débarrasser tout de suite. » Les veaux mâles de la race Jersiaise n’ont aucune valeur étant beaucoup trop petits et trop maigres pour pouvoir être engraissés. La demande n’existe qu’exclusivement pour le lait gras et riche en protéines de leurs sœurs.
L’agriculture moderne ultra-productive a un problème de mise au rebut révélé par le Spiegel: les veaux mâles des vaches laitières. Jadis, l’élevage bovin fournissait aussi bien du lait que de la viande, de nos jours, il y a une spécialisation dans l’un ou l’autre des deux secteurs. Cet élevage dans le but d’une productivité spécifique est tellement poussé loin que les vaches laitières produisent aujourd’hui deux fois plus de lait que leurs aînées d’il y a une trentaine d’années. Le record est à plus de 20 000 l de lait par vache et par an.
Les veaux mâles sont un dommage collatéral de l’industrie laitière.
Cinq cents litres de sang traversent le pis pour produire un seul litre de lait. Une vache laitière a l’air calme, presque paresseuse, lorsqu’elle rumine, mais à l’intérieur de son corps, une véritable centrale de métabolisme travaille sans interruption et à la puissance maximale. En moyenne, les vaches sont abattues après seulement deux ou trois années en salle de traite car elles sont alors malades et tellement épuisées qu’elles n’arrivent plus à être pleines. Dans des conditions normales, les vaches peuvent atteindre l’âge de 20 ans.
Une situation paradoxale : alors que l’agriculture moderne intensive se vante de son efficacité, il n’est précisément pas profitable pour les éleveurs de vaches laitières de pousser leurs bêtes à une telle productivité qu’il faut déjà les abattre au moment même où les coûts de leur élevage commencent tout juste à être amortis.
Ce n’est pas économique de s’occuper des veaux mâles
De la même manière, il n’est pas efficace de produire des veaux pour lesquels il n’y a pas de demande. Les veaux des races à viande engraissent tellement plus rapidement qu’il n’est guère rentable d’engraisser les veaux mâles des races laitières. C’est ainsi que, ces dernières années, leur prix n’a cessé de baisser. Les marchands de bestiaux paient environ 50 euros pour les veaux les plus vigoureux, pour les plus faibles à peine dix à vingt euros. Ainsi le gain par veau se situe bien en-dessous des coûts de production.
Les chiffres du bilan annuel de l’année 2014 du Landeskontrollverband Schleswig-Holstein, syndicat régional du Schleswig-Holstein, l’équivalent du service d’action régionale de l’institut de l’élevage, auquel tous les éleveurs de vaches laitières fournissent leurs résultats, le montrent clairement. Ces dernières années, environ sept pour cent des veaux mâles mouraient pendant ou peu après le vêlage contre seulement trois pour cent chez les veaux femelles. La mortalité des veaux était particulièrement élevée en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale il y a quelques années. Suite à cela, le ministère de l’agriculture à Schwerin ordonna une enquête révélant que dans un cinquième des exploitations plus d’un quart des veaux était mort. Le porte-parole du ministère évoquait des raisons telles un « déficit de prise en charge » ainsi que des « problèmes personnels ».
Il n’est pas rentable pour un éleveur de vaches laitières de s’occuper soigneusement des veaux mâles ainsi que d’acheter de la nourriture adaptée et des médicaments onéreux pour eux. Une étude de l’université vétérinaire de Hanovre l’a confirmé : « La mortalité des veaux qui était de neuf pour cent est tombée à quatre pour cent lorsque des étudiants en thèse de l’université se sont occupés intensément des vaches et des veaux dans une grande exploitation de vaches laitières en Allemagne de l’Est. Mais lorsque les étudiants ont quitté l’exploitation, le taux de mortalité a recommencé à augmenter », explique la professeure Martina Hoedemaker, qui a supervisé cette étude. Une meilleure prise en charge n’était tout simplement pas rentable pour l’exploitant.
Ceci n’est pas compatible avec une éthique paysanne
Les veaux meurent-ils donc par pure négligence ? Ou peut-être sont-ils même tués ? Dans cette édition du Spiegel, certains protecteurs des animaux évoquent de tels cas. Des éleveurs de vaches laitières du Schleswig-Holstein racontent qu’au Danemark aussi, il y a des paysans qui abattent les veaux mâles, juste après le vêlage. En Australie, ces histoires ne sont pas rapportées à la dérobée car ici c’est une pratique tout à fait légale. Chaque année, environ 700 000 veaux mâles issus de l’élevage de vaches laitières y sont abattus à l’âge de cinq jours ou alors, dans les régions isolées, tués directement après la naissance.
Les conseillers agricoles recommandent la solution d’utiliser du sperme sexé pour l’insémination afin de produire uniquement des veaux femelles. Mais cette technique ne s’est pas encore imposée. Le sperme sexé contenant moins de spermatozoïdes, uniquement ceux produisant les veaux femelles, a pour conséquence une moindre fertilité chez les vaches.
Ces dernières décennies, l’industrie agricole ne s’est non seulement optimisée, mais elle produit aussi de plus en plus de rebuts. Ces animaux « turbo » de plus en plus élevés uniquement dans le but de performances maximales en sont la meilleure preuve. D’un côté, il y a des truies mettant bas seize porcelets, mais n’ayant que douze mamelles, et de l’autre côté il y a les vaches donnant 12 000 l de lait par an, mais leurs veaux mâles maigrichons n’ont plus aucune utilité.
La guerre des prix sur le marché du lait provoque des dommages collatéraux : les veaux mâles dont l’élevage n’est pas rentable sont négligés jusqu’à ce qu’ils meurent ou alors sont tués immédiatement après leur naissance.
De la même manière que les poussins mâles d’un jour qui sont broyés ou gazés, les veaux mâles des vaches laitières n’étant guère plus rentables à élever sont souvent tués, même si cela est passible d’une peine selon la loi de la protection des animaux. D’après un rapport du Spiegel, la raison en est le prix pour les veaux mâles qui est passé sous les 50 euros par veau l’an dernier.
Des protecteurs des animaux ainsi que des employés des abattoirs rapportaient au magazine que les veaux mâles sont fréquemment tués immédiatement après le vêlage, ou alors tombent malades à cause de négligences et meurent car les agriculteurs ne peuvent pas se permettre les coûts supplémentaires de leur élevage. La suppression des quotas laitiers au 1er avril 2015 a fait descendre le prix du lait en-dessous de 30 centimes par litre. « Les plus faibles sont sélectionnés et jetés parfois encore vivants sur le tas de fumier ou alors enfouis dans un fossé », dit Melanie Vogelei de l’organisation de protection des animaux, White Paw.
C’est surtout dans les très grandes exploitations comprenant des centaines d’animaux que la relation directe aux bovins serait perdue. Albert Sudrum, professeur de santé animale à l’université de Kassel rappelait au Spiegel : « Beaucoup d’agriculteurs, vivant juste au dessus du seuil de pauvreté, ne se voient pas en état d’investir de l’argent pour maintenir ces veaux partiellement invendables en bonne santé. Ce sont les victimes d’un système dans lequel la rentabilité passe avant la santé des animaux. »

 

Dies ist der Originalartikel der im 
Spiegel online vom 25/04/2015 erschienen ist

Entsorgte Kälber: Bulle? Stirb!

Spiegel online 25 avril 2015

von Tanja Busse

Die Existenznot von Milchbauern führt zu einem zynischen Umgang mit Bullenkälbern. Tanja Busse, Autorin des Buches « Die Wegwerfkuh », über eine grausame Entsorgungsmethode der Agroindustrie.

Jersey-Kälber sind unbestritten das Süßeste, was es auf einem Bauernhof zu streicheln gibt. Bei unserem letzten Besuch auf dem Land hat uns einLandwirt eines gezeigt, das gerade geboren war. Meine Tochter kletterte in den kleinen Verschlag, in dem es eingesperrt war. Das Kälbchen tollte um sie herum, stupste sie an – auf der Suche nach dem Euter seiner Mutter – und ließ sich kraulen, als wäre es ein Schoßhund.

« Gut, dass es ein weibliches Kalb ist », sagte der Bauer. « Die männlichen kannst du nämlich gleich wegtun. » Jersey-Bullenkälber sind wertlos, weil sie viel zu klein und mager sind, um gemästet zu werden. Nur die fett- und eiweißreiche Milch ihrer Schwestern ist gefragt.

Die moderne Hochleistungslandwirtschaft hat ein Entsorgungsproblem, über das auch DER SPIEGEL in seiner aktuellen Ausgabe berichtet: die Bullenkälber von Milchkühen. Früher lieferten Rinder beides, Milch und Fleisch, heute sind sie spezialisiert auf das eine oder das andere. Diese Zucht auf spezielle Höchstleistung ist so erfolgreich, dass Milchkühe heute mehr als doppelt so viel Milch geben wie ihre Vorgängerinnen vor drei Jahrzehnten: Der Rekord liegt bei über 20.000 Litern pro Kuh und Jahr.

Bullenkälber als Kollateralschaden der Milchwirtschaft

Um einen einzigen Liter Milch zu produzieren, strömen 500 Liter Blut durch das Euter. Eine Milchkuh wirkt beim Wiederkäuen ruhig und beinahe träge, doch in ihrem Inneren arbeitet ein Kraftwerk des Stoffwechsels ununterbrochen auf Höchstleistung. Der Preis dafür ist allerdings hoch: Im Durchschnitt werden Kühe schon nach zwei bis drei Jahren im Melkstand geschlachtet, weil sie krank und aus Erschöpfung nicht wieder tragend werden. Dabei können Kühe bis zu 20 Jahre alt werden.

Eine paradoxe Situation: Die moderne Intensivlandwirtschaft prahlt mit ihrer Effizienz, doch für Milchbauern ist es gerade nicht effizient, ihre Kühe so auszupowern, dass sie schon geschlachtet werden, wenn sie ihre Aufzuchtkosten eben wieder eingebracht haben.

Es ist unwirtschaftlich, sich um die Bullenkälber zu kümmern

Ebenso wenig ist es effizient, Kälber zu produzieren, die keiner braucht. Weil die Kälber der Fleischrassen so viel schneller fett werden, lohnt es sich kaum noch, die männlichen Kälber aus Milchrassen zu mästen. Deshalb ist ihr Preis in den letzten Jahren immer weiter gesunken. Für kräftige Kälber zahlen die Viehhändler um die fünfzig Euro, für schwächere gerade mal zehn bis zwanzig. Damit liegt der Gewinn pro Kalb weit unter den Aufzuchtkosten.

Zahlen aus dem Jahresbericht 2014 des Landeskontrollverbands Schleswig-Holstein, an den alle Milchbauern des Bundeslandes ihre Daten liefern, zeigen: Dort starben in den vergangenen Jahren etwa sieben Prozent der männlichen Kälber bei oder kurz nach der Geburt. Bei den weiblichen waren es nur etwa drei ProzentBesonders hoch war die Kälbersterblichkeit vor einigen Jahren in Mecklenburg-Vorpommern. Das Landwirtschaftsministerium in Schwerin ordnete daraufhin eine Untersuchung an, die ergab, dass in jedem fünften Betrieb mehr als ein Viertel der Kälber gestorben waren. Als Gründe nannte ein Sprecher des Ministeriums « mangelnde Erstversorgung » und « personelle Probleme ».

Für einen Milchbauern ist es unwirtschaftlich, sich sorgfältig um die Bullenkälber zu kümmern und gutes Futter und teure Medikamente für sie zu kaufen. Eine Studie der Tierärztlichen Hochschule Hannover hat das bestätigt: « Als Doktoranden der Uni Kühe und Kälber auf einem großen Milchviehbetrieb in Ostdeutschland intensiv betreuten, sank die Kälbersterblichkeit von neun auf vier Prozent. Doch als die den Betrieb wieder verließen, stieg die Sterberate wieder an », berichtet Professor Martina Hoedemaker, die die Studie betreut hat. Für den Betriebsleiter habe sich eine bessere Betreuung einfach nicht gerechnet.

Mit bäuerlicher Ethik ist das nicht vereinbar

Sterben die Kälber also an purer Vernachlässigung? Oder werden sie sogar getötet? Tierschützer berichten in der aktuellen Ausgabe des SPIEGEL auch von solchen Fällen. Auch in Dänemark soll es Bauern geben, die Bullenkälber nach der Geburt erschießen, hört man von Milchbauern aus Schleswig-Holstein. Und in Australien wird das gar nicht hinter vorgehaltener Hand erzählt, weil es völlig legal praktiziert wird: Jedes Jahr werden dort rund 700.000 Bullenkälber aus Milchbetrieben im Alter von fünf Tagen geschlachtet oder in abgelegenen Gegenden direkt nach der Geburt erschlagen.

Als Problemlösung empfehlen landwirtschaftliche Berater, sogenanntes gesextes Sperma für die Besamung zu verwenden, damit sie nur weibliche Kälber zur Welt bringen. Doch die Technik setzt sich bislang nicht durch. Denn mit gesextem Sperma werden die Kühe weniger leicht tragend, weil es weniger Spermien enthält – eben nur die, die weibliche Kälber hervorbringen sollen.

Die Agrarindustrie hat sich in den vergangenen Jahrzehnten nicht nur optimiert, sie produziert auch immer mehr Ausschuss. Nichts zeigt das besser als die hochgezüchteten Turbo-Tiere. Es gibt Sauen, die 16 Ferkel bekommen, allerdings nur zwölf Zitzen haben. Es gibt Kühe, die 12.000 Liter Milch im Jahr geben – doch für die mageren männlichen Kälber gibt es keine Verwendung mehr.

Der Preiskampf am Milchmarkt erzeugt unschöne Kollateralschäden: Jungbullen, deren Aufzucht nicht rentabel ist, werden vernachlässigt, bis sie sterben – oder gleich getötet.

Ähnlich wie männliche Eintagsküken, die geschreddert oder vergast werden, sind auch Bullenkälber von Milchkühen kaum mehr rentabel aufzuziehen und werden oft getötet – obwohl das nach dem Tierschutzgesetz strafbar ist. Grund ist nach einem Bericht des Nachrichten-Magazins DER SPIEGEL der Preis für Bullenkälber, der vergangenes Jahr auf unter 50 Euro pro Kalb gesunken war.

Tierschützer und Schlachter berichteten dem Magazin, dass Bullenkälber oftmals gleich nach der Geburt getötet werden oder wegen Vernachlässigung krank werden und sterben, weil sich die Bauern die zusätzlichen Kosten für die Aufzucht nicht leisten können. Durch den Wegfall der Milchquote zum 1. April 2015 ist der Milchpreis unter 30 Cent pro Liter gefallen. « Die Schwächlichen werden selektiert, manchmal noch lebendig auf den Misthaufen geschmissen oder sogar in Gruben verscharrt », sagt Melanie Vogelei von der Tierschutzorganisation White Paw.

Besonders in großen Betrieben mit Hunderten von Tieren sei der direkte Bezug zu den Rindern verloren gegangen. Albert Sundrum, Professor für Tiergesundheit an der Universität Kassel, sagte dem Magazin: « Viele Landwirte sehen sich nur bedingt in der Lage, Geld für die Gesunderhaltung in die teilweise unverkäuflichen Kälber zu stecken, weil sie selbst am Existenzminimum wirtschaften. Sie sind Opfer eines Systems, in dem der Wirtschaftlichkeit Vorrang vor der Tiergesundheit eingeräumt wird. »